Le sentier de Samatha est une représentation symbolique traditionnelle dans l’Inde et le Tibet anciens des différentes étapes de la méditation, conçue comme un travail d’« entrainement mental », qui permet de transformer son esprit en le débarrassant de ses habitudes de pensée et ses conditionnements, afin de parvenir dans sa vie à des choix plus authentiques et des décisions libres, venues du fond de soi-même.
Le sentier est parcouru en neuf étapes, de bas en haut par trois personnages principaux : 1. Un moine, qui représente la voix qui parle au fond de nous et nous attire vers les choses de l’esprit ; 2. Un éléphant, animal très intelligent et doué de mémoire, qui représente la conscience cognitive, la réflexion intellectuelle ; 3. Un singe, qui représente la turbulence de l’esprit, le flux incessant et décousu des pensées, comparé à un singe qui saute de branche en branche dans un arbre.
Etape n° 1 : Poser l’esprit sur un objet
Le singe marche devant, l’éléphant court derrière lui et le moine essaie de suivre les deux animaux. Le vagabondage de l’esprit est toujours la première étape du sentier, qui débute dès que le méditant, physiquement immobile, essaie de poser son esprit sur un objet de méditation, qui peut être un objet matériel ou simplement le mouvement de sa respiration.
L’éléphant est de couleur noire, ce qui symbolise la torpeur de l’esprit, la somnolence qui peut saisir le méditant dans les premières étapes du sentier. Le moine tient dans ses mains deux outils qui vont l’aider, un lasso doté d’un crochet et un couperet tranchant.
Etape n° 2 : Poser plus longtemps l’esprit sur un objet
Le méditant essaie de poser son esprit plus longtemps entre deux pensées. Le seul moyen d’y arriver est de méditer plus longtemps. Il convient de méditer au moins 10 à 15 minutes par jour au début. A terme, lorsque la concentration sera suffisante, il sera possible de conserver l’objet de méditation, mais d’en enlever le support matériel, qui ne sera plus que visualisé. Lorsque la concentration sera suffisamment « musclée », il sera possible d’enlever à la fois l’objet et le support : c’est alors la concentration sans objet, ni support.
L’éléphant et le singe ne courent plus, mais marchent. Ils commencent à changer de couleur progressivement, du blanc apparaissant sur le sommet de leur tête.
Etape n° 3 : Revenir continuellement sur l’objet
Lorsque le méditant constate qu’il est parti dans ses pensées, il ne se juge pas, mais revient à la concentration : c’est le rappel, symbolisé par le lasso que le moine jette sur l’éléphant. Les trois personnages sont plus proches les uns des autres. La couleur blanche gagne toute la tête des deux animaux.
La tête de l’éléphant est tournée, il regarde vers l’arrière : cette position symbolise la métacognition, l’observation de sa propre réflexion. Le méditant se regarde fonctionner.
Etape n° 4 : S’éloigner moins loin et moins longtemps
Le lasso s’est raccourci : cela symbolise le fait que, si le méditant fait ses exercices régulièrement et plus longtemps, il fera les rappels plus rapidement, sans laisser aux pensées le temps de se déployer en s’enchaînant les unes après les autres.
Un lapin figure perché sur le dos de l’éléphant : c’est le symbole du risque de la « torpeur subtile », dans laquelle le méditant a l’impression d’avoir moins de pensées, non pas parce qu’il a fait des progrès, mais parce qu’il a endormi son esprit. Alors qu’une condition de la méditation est de conserver un esprit clair et présent.
Etape n° 5 : Anticiper les départs
Le lasso s’étant raccourci, le moine peut anticiper les mouvements de l’éléphant. Le méditant va alors pouvoir voir naître ses pensées, et les laisse retomber sans réagir.
Dans cette étape, le moine abandonne le lasso, et utilise le couperet, avec lequel il peut trancher les pensées à la racine.
Etape n° 6 : Pacifier l’esprit
Symboliquement, le moine marche devant l’éléphant, de plus en plus blanc, et le singe, également de plus en plus blanc, suit derrière l’éléphant. Cela signifie que le méditant a pris la main sur le raisonnement et ne subit plus le flux de ses pensées.
Etape n° 7 : Pacifier complètement l’esprit
Par l’entraînement de son esprit, le méditant a automatisé le maniement du lasso comme du couperet, et n’en a plus besoin : aucun de ces deux outils ne figure plus dans la représentation symbolique de cette étape.
Le méditant atteint une vraie quiétude. Le singe est toujours là, mais il devenu entièrement blanc et vient manger dans la main du moine. La personne qui médite sait pourquoi elle fait ce travail, et la pacification gagne sa vie de tous les jours.
Etape n° 8 : Rester concentré sur un seul point
Le méditant entre dans l’absorption de la méditation. Il n’a plus de pensées, le singe ne figure plus dans la représentation de cette étape du sentier. La faculté de cognition est totalement suspendue, mais la conscience demeure et n’a jamais été aussi claire, aussi parfaite. L’éléphant est devenu entièrement blanc.
En général, on ne se rend pas compte que l’on a atteint ce stade avant la fin de la session de méditation : prendre conscience d’une absorption méditative, signifie que l’on en sort.
Etape n° 9 : Reposer dans l’équanimité
Le moine arrête l’éléphant, et s’assied à ses côtés. Il n’y a plus du tout de risque de pensées turbulentes, de perte de clarté de l’esprit.
Le haut du sentier de Samatha :
Toutes les tensions vont se dénouer, toutes les énergies vont se remettre à circuler normalement. Cet état de félicité du corps, comme de l’esprit est symbolisé par le moine volant.
Tout en haut du sentier, le moine est monté sur le dos de l’éléphant, et brandit symboliquement une épée qui lui permet de trancher tous les conditionnements, de s’en libérer complètement.